Diabète : Un enfant qui boit et urine beaucoup doit consulter

En progression chez l'enfant, le diabète de type 1, anciennement appelé insulinodépendant, est encore souvent diagnostiqué trop tardivement, lorsque le jeune patient souffre d'une acidocétose dont les conséquences peuvent être fatales. Pour sensibiliser les parents à l'urgence de la prise en charge, la campagne Diabète Enfant et Adolescent est lancée le 14 novembre 2010, lors de la Journée mondiale du diabète.



Votre enfant se met à boire énormément, sans que sa soif ne semble étanchée ? Il se rend souvent aux toilettes et se remet à faire "pipi au lit" ? Peut-être souffre-t-il d'un diabète de type 1, comme 15 000 autres enfants de moins de 15 ans. Pour lever le doute, consultez rapidement un médecin qui procédera à un dépistage de sucre dans ses urines. Avec ce test simple, vous éviterez à votre enfant des complications potentiellement graves.

15 000 jeunes diabétiques en France

Campagne diabète enfant et adolescentLe diabète de l'enfant et de l'adolescent est une maladie auto-immune au cours de laquelle les cellules β du pancréas ne fabriquent plus d'insuline. Cette carence en insuline provoque l'accumulation de sucre dans le sang. Au-delà d'un certain seuil et en l'absence de traitement, l'hyperglycémie va provoquer la production de corps cétoniques par le foie : c'est ce qu'on appelle la cétose. Elle se manifeste par l'apparition de nausées, de vomissements et de douleurs abdominales. L'acidocétose correspond à l'acidification du sang due à l'accumulation excessive de ces corps cétoniques. Cet état provoque une fatigue intense, des troubles respiratoires et des troubles de la conscience. Il menace surtout le pronostic vital de l'enfant.
A ce jour, on estime que 15 000 jeunes Français de moins de 15 ans souffrent d'un diabète, pour la grande majorité de type 1 (95 %). Chaque année, on dépiste 1 700 nouveaux cas, mais le plus inquiétant aux yeux des spécialistes, c'est que cette incidence s'accroît particulièrement vite chez les tout-petits, chez lesquels elle est deux fois plus élevée que la moyenne (+ 7,59 % par an, contre 3,34 %). Au total, les moins de 4 ans représentent ¼ des cas de diabète de l'enfant et de l'adolescent, les 5-9 ans 33 % et les 10-14 ans 37 %.
Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer cette augmentation du nombre de cas, dont la plus solide est l'hypothèse infectieuse, explique le Dr Myriam Rosilio, directrice médicale de Lilly Diabète France. "L'agression par un pathogène induirait une sur-réaction des mécanismes de défense et le développement des auto-anticorps. Dans les pays du Nord, où la prévalence du diabète de type 1 est élevée, les chercheurs ont établi un lien entre la fréquence des infections par entérovirus et le diabète".

40 % des enfants arrivent à l'hôpital en acidocétose

Si l'on ne peut pas encore prévenir le diabète de type 1, on peut toutefois prévenir les complications de l'hyperglycémie par une vigilance accrue à l'égard de ses premières manifestations. Selon l'Observatoire National du Diabète, dont les résultats reposent sur les  données de 139 services de pédiatrie, les deux signes révélateurs d'un diabète sont la polyurie (l'envie fréquente d'uriner) et la polydipsie (une soif intense) dans 98 % des cas. L'énurésie ("pipi au lit") ne survient que dans 40 % des cas et n'est pas caractéristique chez le petit enfant, tandis que la fatigue et la perte de poids surviennent plus tard, indique Carine Choleau, chargée de missions scientifiques à l'Aide aux Jeunes diabétiques (AJD).
Or, dans 40 % des cas, l'enfant est conduit aux urgences alors qu'il présente déjà une acidocétose. Cette complication grave du diabète, qui peut évoluer vers un coma voire un décès, est d'autant plus rapide que l'enfant est jeune, survenant parfois en quelques heures. "L'acidocétose est plus importante chez les enfants âgés de 0 à 4 ans, qui passent plus rapidement du stade d'hyperglycémie à celui d'acidocétose. En revanche, les cas sévères sont plus fréquents chez les 10-14 ans, chez lesquels les symptômes alarment peu les parents", précise Corine Choleau.

Campagne Diabète Enfant Adolescent 2010-2011

Forte de ce constat, l'Aide aux Jeunes Diabétiques (AJD) a donc décidé de lancer une campagne nationale d'information 2010-2011 "pour prévenir l'acidocétose lors du diagnostic de diabète chez l'enfant et l'adolescent". Car plus le diagnostic de diabète est posé tôt, plus il est facile d'initier une prise en charge et un traitement par insuline dans de bonnes conditions, en dehors d'un contexte d'urgence vitale, extrêmement stressant pour les parents.
Intitulée "Campagne Diabète Enfant et Adolescent", elle est soutenue par les ministères de la Santé et de l'Éducation nationale, ainsi que par la Fédération de la Mutualité Française, les Ordres des médecins, pharmaciens et infirmiers.  Elle s'adresse à la fois aux parents, qui n'ont pas suffisamment conscience de l'urgence de la prise en charge, mais aussi aux médecins, pédiatres et professionnels de santé de l'éducation nationale, pour qu'ils réagissent rapidement en pratiquant une mesure de la glycosurie et de la glycémie, et en dirigeant immédiatement les familles vers les centres hospitaliers.
Amélie Pelletier, le 8 novembre 2010
Sources :
- Conférence de presse organisée par l'Aide aux Jeunes Diabétiques, en partenariat avec le laboratoire Lilly Diabète France, novembre 2010
- Observatoire  National du Diabète. Réseau pédiatrique AJD. Étude en cours. Données actualisées sur le site de l'AJD.


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